Attribué à Jan BRUEGHEL LE JEUNE (1601-1678)
Les quatre éléments : le Feu, la Terre, l’Air et l’Eau
Suite de quatre cuivres
Hauteur : 45 cm
Largeur : 67 cm
Numéro d’inventaire en bas à droite et à gauche 901
Provenance : vente Christie’s à Londres 26 juin 1970, n°50 comme “Jan Brueghel”, série de quatre cuivres
(seulement deux sont reproduits).
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petits manques et restaurations anciennes.
Bibliographie :
Bettina Werche, Hendrick van Balen (1575-1632) : Ein Antwerpener Kabinettbildmaler der Rubeszeit,
Brepols, Pictura Nova VII, p.198-199, n°A158 (l’eau) et A159 (l’air) (comme H. van Balen/J. Brueghel l’ancien
?)
Klaus Ertz et Christa Nitze-Ertz: Jan Brueghel des Ältere, die Gemälde, 2008-2010, Vol III p. 600, air (p.1061,
n°506), eau (p.1052, n°500).
Nos quatre tableaux sont des reprises des compositions peintes par Jan Brueghel de Velours pour le
cardinal Federico Borromeo vers 1606-1607, elles sont aussi sur cuivre et de mêmes dimensions. Le
commanditaire était bien connu de l’artiste car il fut son protecteur lors de son voyage en Italie (1589 –
1596). Les allégories de l’Eau et du Feu de cette première série sont conservées à la Pinacothèque
Ambrosiana de Milan; celles de la Terre et de l’Air au Musée du Louvre à Paris.
Le succès de ces compositions si vivantes ont plu à des collectionneurs et ont amené Jan Brueghel le jeune
et son atelier à réaliser des reprises, avec la collaboration probable d ‘Hendrick van Balen pour les allégories de l’Air et de l’Eau.
Allégorie de la Terre
La Terre est assimilée au Paradis de la Genèse. Dans une forêt luxuriante, ouverte sur une clairière et une
rivière, le lion joue avec le guépard tandis que vache, loup, brebis, cerf, léopard, cygne, des paons et perroquets vivent en paix. Autres merveilles de la création, on découvre diverses espèces d’insectes ou de
végétaux, des fruits et les tulipes si prisées et si coûteuses aux Pays-Bas à cette époque. A l’arrière- plan, la
lumière inonde Dieu indiquant à Adam et Eve l’arbre du Bien et du Mal.
Allégorie de l’Eau
Le premier plan est occupé par un sous-bois que Poséïdon et son épouse Amphitrite irriguent en portant chacun un grand coquillage d’où jaillit l’eau. Fermé par des joncs, des iris et un bosquet d’arbres, il est
peuplé d’une grande quantité d’animaux aquatiques: hérons, poules d’eau, canards colvert, tortues,
coquillages et crustacés, … Au second plan, l’Eau est représentée par l’Océan où nage une baleine ou encore, à droite, une cascade. Deux poissons volants et des petits Amours animent l’ensemble : l’un tire à
l’arc tandis que les autres jouent avec une tortue et une écrevisse.
Allégorie du Feu
Force indomptable de la nature, le feu gronde dans une immense forge installée dans une grotte . On y
accède par un souterrain voûté et orné d’arches en ruines qui évoque la Domus Aurea. L’atelier de Vulcain y
produit une quantité d’objets, prétexte à une luxuriante nature morte d’armures aux reflets métalliques, où
se mêlent pièces d’orfèvreries, aiguières, ustensiles domestiques, instruments de laboratoire, pièces de
monnaie, prouvant la maîtrise du feu par l’homme. Un lustre en laiton, décoré d’un aigle bicéphale, domine
cette production pléthorique dont le désordre évoque les forces primaires de la Terre. Au second plan à
droite, l’incendie dévore des maisons. Au-dessus d’un paysage apocalyptique avec la rotonde du temple de
Vesta à Tivoli, des damnés tombent dans la partie infernale des cieux.
Allégorie de l’Air
Sur un nuage, la muse de l’astronomie et de l’astrologie, Uranie, mesure le mouvement des étoiles et des
planètes avec une sphère armillaire. Des petits Amours poupons s’amusent avec une lorgnette, un compas
et un sextant tandis qu’un autre attrape un oiseau en vol. Autour d’eux, toutes sortes de volatiles sont
représentés, la plupart en couples : aigrettes, cygnes, aigles, autruches, chouette et hibou, dindon,
perroquets, héron et un dodo blanc solitaire … Au loin, Diane se retire sur le char de la Lune. Elle laisse la
place à Apollon qui amène une éclaircie et illumine la composition sur le char du Soleil.